Jean Giono
« Je pense que le fantasme d’écorchement est fondateur chez Giono. Il a dû voir souvent une de ces scènes […]. Il y a là pour un petit enfant […] quelque chose de violemment sexuel. C’est le déshabillage intégral. Et je pense que la scène primitive de Giono, c’est un écorchement. Il y en a partout ! Des viscères aussi – comme quand on ouvre le lapin, ou bien qu’on coupe la tête d’une oie : je pense à Langlois. […] L’ancrage sexuel de Giono est là – et l’ancrage littéraire aussi.
[…]
Moby Dick, c’est beaucoup de moyens déployés, beaucoup de pages, alors qu’il suffisait de l’oie dans la neige, que Langlois tient par les pattes et regarde saigner, pour aboutir au même résultat. L’oie dans la neige, c’est certainement l’un des sommets de la littérature universelle, à mon avis, comme le Roi [sans divertissement] en entier. Avoir pu trouver ce personnage vide, vide, mais vide qu’est Langlois… toute l’oeuvre de Nietzsche n’arrive pas à la cheville de Langlois ! »
Extrait de « Le roi vient quand il veut » de Pierre Michon, (Albin Michel)
sélectionné par Dan Nisand
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